A propos de Le Réveil sonne: Première humiliation de la journée (L’Insomniaque éditeur)
Les associations d’idées sont souvent quelque chose d’assez fascinant. Lorsqu’il fut question de monter ce modeste et cependant splendide petit journal en ligne que vous avez le plaisir de lire et que, suite à un marathon de cerveaux en ébullition, nous nous sommes fixés sur le titre : LE REVEIL, j’ai souri intérieurement. Immédiatement j’ai pensé, le réveil … « le réveil sonne : première humiliation de la journée », ça claque c’est beau mais ce n’est pas de moi, hélas !
Longtemps ce petit livre a trôné sur mon buffet et tous les matins après un lever plus ou moins laborieux et généralement imposé par le simple fait, comme beaucoup, que je suis bien obligé de vendre ma force de travail contre une rémunération plus ou moins correcte, mon œil fatigué louche par dessus ma tasse de thé vers ce petit opuscule. Et là, forcément, sourire, d’autant plus que le sous-titre est un programme à soi tout seul : « 144 raisons d’abolir le travail salarié ».
Alors, au gré de mes humeurs, forcément chagrines à ce moment de la journée, j’ouvre le dit livre au pif, parce qu’on peut lire l’ensemble de manière discontinue. C’est d’ailleurs plutôt conseillé.
Et paf : « Le travail est le refuge des gens qui n’ont rien de mieux à faire » dixit Oscar Wilde page 31 auquel peut lui répondre « Rien de me fascine plus que le travail : je peux rester assis à le contempler des heures » Jérôme K. Jérôme, moi aussi je souscris à ce programme ! Un peu potache, certes, mais au moment où Macron insulte le 1er mai, il est tout de même bon de rappeler que le mouvement social, à l’origine, considère le salariat comme l’abomination suprême, ainsi, Simone Weil page 16 : « nul n’accepterait d’être esclave deux heures ; l’esclavage, pour être accepté, doit durer assez chaque jour pour briser quelque chose dans l’homme », là on rigole moins, on enfonce le clou avec George Bernard Shaw « L’esclave humain atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié » gloups.
Évidemment tout cela ne fait pas un programme, quoi que : « Dans son travail l’ouvrier ne s’affirme pas ; il ne se sent pas à l’aise, mais malheureux ; il ne déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit » Karl Marx, on retrouve à sa suite l’anarchiste Libertad, Nietzsche, Thoreau, Lafargue et j’en passe jusqu’à Coluche !
Si le livre est bref et divertissant, cette lecture s’apparente, aussi, à une bonne gymnastique taoïste : faire un pas de côté pour mettre en lumière l’absurdité du monde, ne plus se sentir coupable, tenter de vivre mieux.
Fantasio
COLLECTIF, Le Réveil Sonne : Première Humiliation de la Journée, ed. L’Insomniaque, Montreuil, 2015. 5 euros.
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